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Quelque chose de nouveau a fleuri aux abords de la Chartreuse. Pas une tulipe. Ni une jonquille, d’ailleurs. Une renouée du Japon, alors ? Vous savez, cette plante invasive qui éventre la terre et tue la biodiversité. La comparaison est tentante ! Non, ce sont des panneaux jaunes, annonciateurs d’un regain d’appétit pour le site chez Matexi : le promoteur nous invite à découvrir son nouveau projet.

Rendez-vous est pris à l’école Fernand Chèvremont de Bressoux, ce mercredi 25 avril à 17h30. Le choix est plutôt judicieux : jour des activités extra-scolaires, en pleine heure de pointe, avec obligation pour certains de prendre congé pour assister à cette réunion d’information préalable. On ne va tout de même pas risquer d’informer le plus de monde possible. Malgré ces contraintes, près de 200 personnes sont présentes, intéressées de savoir à quelle (nouvelle) sauce la Chartreuse va être mangée.

Le bureau d’études Pissart, auteur des deux précédentes études d’incidences des projets Matexi sur la Chartreuse, ouvre le bal.

Ensuite, Matexi, en grande forme, présente non pas une, mais trois variantes de son avant-projet ! Cet avant-projet couvre toute la ZACC (Zone d’Aménagement Communal Concerté, c’est-à-dire la partie de la Chartreuse concernée par une urbanisation), créant l’illusion qu’il existe bel et bien un projet global pour la Chartreuse. Que Matexi ne soit pas propriétaire de toutes les parcelles n’est sans doute qu’un détail…

Tentative d’enfumage ensuite avec ces petites punchlines vides de sens : «mobilité douce», «intégration au paysage», «respect du patrimoine», «projet à taille humaine», etc. etc. Aucun des clichés habituels ne nous est épargné.

 

[ TELECHARGER LA PRESENTATION DU PROJET MATEXI ]

 

Disons-le clairement : fondamentalement, l’avant-projet présenté par MATEXI n’a pas changé. Et il ne changera pas.

Car le seul objectif, le vrai, c’est la rentabilité maximale. Pourquoi ne pas l’admettre platement ? Ce serait, somme toute, dans l’ordre des choses.

Cartes, chiffres, tableaux, schémas et plans d’aménagements se succèdent rapidement ; on parle densité, mobilité, sécurité, création d’espaces verts (!). Face à cette déferlante, l’assemblée peine à retenir ses questions. M. l’Echevin de l’Urbanisme intervient pour mettre un couvercle sur la casserole bouillonnante et prie l’assemblée d’attendre son tour.

Revenons à la présentation du projet global. Outre une mouture à peine retouchée de la phase 1 (Thier de la Chartreuse), Matexi arrive avec une proposition de reconversion du Fort et un projet immobilier en partie arrière, issu d’un urbanisme berlinois d’après-guerre. Les yeux de l’assemblée sont toujours rivés sur les plans quand M. l’Echevin de l’Urbanisme prend à son tour la parole pour présenter la version de la Ville. Involontairement ou non, il brouille peu ou prou les plans de Matexi pour le Fort et sa partie arrière, en annonçant que la Ville planche sur la sécurisation de cette partie du site aux frais du propriétaire (Immo Chartreuse), et même sur l’expropriation de ce dernier pour incurie.

Bref, entre la version de Matexi et la version de la Ville, le public n’y comprend plus rien. Cette cacophonie témoigne parfaitement des spéculations et de l’incertitude qui entourent la Chartreuse depuis 30 ans.

S’en est suivi une série de questions émanant d’une assemblée remontée à bloc, non pas contre le projet Matexi (puisqu’il n’y en a pas encore), mais plutôt contre l’opportunité d’urbaniser ce site classé.

Alors, que faire ? Peut-être revenir à la source, aux années 80. Et admettre que la décision de livrer le site à l’habitat n’était pas la bonne. Qu’elle a été prise à un autre âge, à un autre siècle, sans vision, sans connaissance. Et en totale opposition avec ses valeurs naturelles et patrimoniales. Un référendum sur l’intégrité du site de la Chartreuse ? Une consultation populaire ? Pourquoi pas.

Sur une rive droite ultra-bétonnée, la Chartreuse est le seul réel espace de nature en ville. Il faut le préserver et l’aménager en ce sens dans le respect de toutes ses composantes.

Au terme de notre mobilisation de l’automne dernier, le silence de l’ensemble du monde politique liégeois fut, paradoxalement, assez assourdissant. La Chartreuse, c’est pourtant une question qui concerne Bressoux, le Longdoz, Amercoeur, Grivegnée. Les habitants de ces quartiers, ainsi que les Liégeois ne mériteraient-ils pas une prise de position claire ?