Des mutations manquées

MENACE

 

Un avenir incertain

Le projet de reconversion est cependant freiné. L’élaboration du projet rencontre en effet des difficultés de plusieurs ordres.

  • La réhabilitation du Fort hollandais est compliquée par son architecture, en particulier par la juxtaposition de longues pièces voûtées de 24 m de profondeur. Comment respecter le bâtiment tout en permettant un éclairage suffisant des locaux ? Quelle affectation leur donner ?
  • La réhabilitation du Fort hollandais n’est pas rentable. Le classement comme site impose des contraintes mais n’offre pas de subsides.
  • L’état de friche du site impose une opération d’ensemble coordonnée. Il est en effet impossible de vendre un immeuble réhabilité à côté d’un immeuble en ruine. Cela signifie développer simultanément de l’ordre de 300 logements, ce qui n’est pas possible sans envisager une diversité de l’offre de logements, voire sans introduire d’autres fonctions sur le site.
  • Le dialogue avec les propriétaires du Fort est compliqué. Au départ, il s’agissait d’une société immobilière dont l’objectif était de maximaliser son profit en revendant les différents lots pour un montant beaucoup plus élevé que l’investissement de départ. Rapidement rentrée dans ses frais, elle a pu donc spéculer.
  • La plus grande difficulté est larénovation du Fort hollandais, qui est l’objectif premier pour les pouvoirs publics. Mais comment éviter que cette phase non rentable ne soit reléguée après toutes les autres, avec le risque de ne jamais être réalisée ? Si certaines impulsions peuvent être données à travers le RUE et un phasage des permis, elles ne donneront pas de garantie.

Dans ce contexte, les promoteurs sont obligés de proposer des projets démesurés et non compatibles avec la protection du site classé ou les objectifs développés dans la charrette urbanistique et dans le RUE.

Une urbanisation non concertée

Les documents élaborés par la société MATEXI mettent en œuvre l’urbanisation de toute la ZACC, selon les prescriptions du RUE.

Or, ce projet ne peut pas être considéré comme un projet concret. Pourquoi ? L’ambitieux projet présenté par la société MATEXI englobe la reconversion du Fort, l’aménagement du terrain derrière le Fort et l’aménagement de la parcelle le long de la rue des Fusillés.

Fait remarquable, ce projet s’implante sur des parcelles qui n’appartiennent pas à la société MATEXI. Les parcelles concernées appartiennent à la Ville de Liège et à Immo Chartreuse, une société immobilière qui n’a pas de lien avec MATEXI.

D’autre part, la parcelle le long de la rue des Fusillés est classée en zone d’espaces verts au plan de secteur.

De manière générale, on ne peut pas nier que depuis son classement en zone d’extension d’habitat, le site est l’objet de transactions, tractations et de spéculations.

Le projet d’urbanisation de la ZAAC du Fort de la Chartreuse illustré paŕ MATEXI n’est qu’un témoignage de la spéculation dont l’avenir du site fait l’objet. En effet, comment ces plans pourraient-ils donner du crédit au projet de la société MATEXI alors que ce projet concerne, d’une part, des parcelles autres que celles dont la société MATEXI est propriétaire et, d’autre part, des zones classées «espaces verts» où il est interdit de construire?

Matexi s’obstine à faire croire qu’un plan global concerté existe pour le site de la Chartreuse, alors que la moitié de la ZACC (zone d’aménagement communal concerté) ne lui appartient pas ! Dans ces conditions, quel crédit donné à ce projet ?

Les intentions de la Ville et de Matexi divergent sensiblement et mettent en évidence une différence de vue dans la réalisation des phases 2 (fort) et 3 (arrière du fort). Cette différence de vue est suffisamment interpellante que pour demander une clarification de la situation avant d’entamer un travail dont le résultat sera crucial.